Médiation sociale en milieu scolaire : un dispositif à pérenniser
Alors qu'une mission parlementaire travaille à la reconnaissance de la médiation sociale, les acteurs du secteur se positionnent pour appeler à la mise en place de financements pérennes de la médiation à l'école, qui fait ses preuves depuis 10 ans sur l'ensemble du territoire.
Lancé en 2012, le projet "Médiateur à l'école" permet, par le déploiement de médiateurs sociaux à temps plein dans des écoles élémentaires et des collèges, de contribuer à :
- La prévention et la gestion des violences, des conflits, des incivilités et du harcèlement
- La prévention et la lutte contre l’absentéisme et le décrochage scolaire
- Le développement des comportements citoyens et une culture du dialogue et de la tolérance
Deux ans après son lancement, le dispositif présente des résultats prometteurs et prouve son efficacité au travers d'une étude du LIEPP Sciences Po (Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques) démontrant la réceptivité des élèves à la médiation sociale. Cette dernière contribue à libérer la parole et à diminuer les taux de violence verbale, physique et psychologique. Par exemple, cette tendance est nette chez les enfants les plus sujets à la violence, en particulier les garçons de 6e pour qui la probabilité de se sentir harcelés baisse de 46 % (90 % dans le cas du cyberharcèlement). Aussi, la médiation sociale contribue à l’éducation à la citoyenneté au développement des compétences psychosociales des élèves et à leur apprentissage du vivre ensemble.
A CONSULTER | Page dédiée à l'évaluation du projet "Médiateur à l'école" sur le site du LIEPP
En 2019, France Médiation fait partie des lauréats de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) #TremplinAsso. L'aboutissement de cette candidature a donné le coup d'envoi d'une nouvelle phase de développement du projet « Médiateur à l’École », et permis le déploiement d’une centaine de postes de médiateurs à l’école sur l’ensemble du territoire, portant leur total à près de 170.
Cependant, ces postes sont, pour beaucoup, financés dans le cadre de politiques d'exception comme la politique de la ville. En effet, la plupart de médiateurs à l'école sont sous convention "adulte-relais". Ce type de convention permet l'obtention de 20 000 euros de financement par an pour l'emploi par les acteurs de la médiation sociale d'une personne de moins de 26 ans, qui réside en quartier prioritaire politique de la ville et qui est inscrite à Pôle emploi. Le reste de la somme nécessaire à la mise en place d'un poste de médiateur à l'école est pris en charge par des collectivités, aussi bien des villes que des métropoles ou des départements. La nature de ces financements génère une instabilité pouvant freiner l'implantation d'un dispositif pourtant indispensable dans de nombreux établissements scolaires, comme le souligne Xavier Rochefort, Président de France Médiation et directeur de l'Agence Lyon tranquillité médiation, une des structures porteuses du projet "Médiateur à l'école" sur le terrain : « Nous sommes sur des contrats précaires de 3 ans, financés dans des cadres exceptionnels qui finissent eux aussi par s'arrêter, alors que les compétences requises sont énormes ! ».
Le projet va également faire face, en 2023, à l'arrêt des financements de l'appel à manifestation #Tremplinasso. Il s'avère ainsi décisif, pour consolider le dispositif, de mener un travail de conviction auprès des différents partenaires au local pour mobiliser des financements complémentaires, y compris des financements de droit commun, sur la base des apports et des résultats des médiateurs à l'école en termes de lutte contre le harcèlement scolaire et le décrochage, de développement la médiation par les pairs et de promotion le dialogue et la tolérance.
A CONSULTER | « Médiation sociale à l’école : un dispositif qui gagnerait à être inscrit dans le droit commun », La Gazette des communes - Club Éducation et vie scolaire