Projet Marches exploratoires de femmes
Les marches exploratoires : Kesako ?
Les marches exploratoires sont des diagnostics de l’environnement urbain réalisés par des groupes d’habitantes qui consistent à observer et analyser l’environnement urbain en s’appuyant sur l’expertise d’usage des habitants. Elles sont organisées en lien avec les instances locales publiques et privées concernées par les droits des femmes, la politique de la ville, la démocratie participative et la prévention de la délinquance dans les quartiers.
Nées au Canada, dans les années 1990 à Toronto et à Montréal, sous l’impulsion d’associations de femmes et d’acteurs locaux, les marches exploratoires visent à accompagner les femmes vivant dans les quartiers prioritaires à devenir de véritables actrices de leur environnement urbain quotidien et à se réapproprier l’espace public et citoyen.
Fondé sur le vécu et l’expertise collective de l’espace public, les marches exploratoires constituent un levier pour créer un sentiment d’appartenance et de cohésion sociale. Elles permettent aux citoyens, particulièrement les femmes, de se rencontrer, de partager leurs expériences et de travailler ensemble pour améliorer leur ville.
Les marches exploratoires : quels impacts ?
Entre 2014 et 2019, France Médiation a accompagné plusieurs projets de marches exploratoires de femmes. De ces projets, il en ressort les éléments suivants.
Les impacts
La mobilisation d’habitantes jusque-là « invisibles » des institutions : une majorité de marcheuses n’avaient pas d’expérience préalable au sein d’associations ou de projets participatifs. A ce titre, le projet a permis une meilleure interconnaissance entre les élus et les habitantes.
Le renforcement du lien social au sein du quartier : le projet a permis aux habitantes de redécouvrir leur quartier, mais aussi de créer du lien entre des femmes qui ne se connaissent pas.
Le renforcement de l’estime de soi des habitantes ; elles ont témoigné de l’impact du projet sur leur perception d’elles-mêmes et leur pouvoir d’agir : meilleure confiance en soi, volonté de continuer à s’engager pour le quartier, souhait de sortir davantage de chez soi, s’ouvrir aux autres, faire des choses ensemble, déconstruction des représentations, motivation à retrouver un emploi, reprise d’études, etc. Leur implication dans le projet a également pu changer la manière dont elles étaient perçues par leur entourage et leur famille.
Une « montée en compétences » des femmes : meilleure connaissance des rouages institutionnels, capacité à prendre la parole en public, inclusion dans un collectif engagé pour le quartier.
« L’empowerment » de collectifs d’habitantes : plusieurs collectifs de femmes ont souhaité pérenniser la démarche, en créant des associations d’habitantes ou en intégrant d’autres projets participatifs.
Quelques clés de réussite
Pour favoriser la mobilisation des habitant(e)s :
Organiser la mobilisation au plus près des activités quotidiennes des habitant(e)s, en particulier, s’il s’agit d’impliquer des personnes éloignées des projets institutionnels ou associatifs.
Bien identifier les relais locaux pour mobiliser les habitant(e)s : identifier les personnes susceptibles de mobiliser et d’animer le projet et les marches, aux côtés des professionnels.
Bien choisir les horaires de mobilisation : organiser des séances de travail de 2 à 3 heures maximum par jour, en privilégiant les réunions en semaine le matin ou après 18h et le samedi matin. Ce qui permet d’avoir une plus grande diversité de profils. Et ne pas laisser trop de délai entre chaque temps de mobilisation : il est préférable d’avoir des dates rapprochées de réunion pour ne pas « perdre » des participants en cours de projet.
Choisir un lieu convivial dédié au projet : ce lieu sert à la fois de point de départ de la mobilisation, de lieu pour organiser les réunions mais aussi d’espace d’information pour savoir où en est le projet (si l’on a raté la dernière réunion ou si l’on a entendu parler du projet et que l’on souhaite en savoir davantage).
Afficher l’information partout dans le quartier, pour informer régulièrement du travail en cours, des dates des prochaines rencontres, etc. La visibilité du projet lui confère de la légitimité et crée un sentiment d’appartenance à un mouvement en construction, une histoire à écrire collectivement.
La médiation sociale au service des projets de marches exploratoires
France Médiation accompagne des projets de marches exploratoires dans ses étapes de préparation, de réalisation, de suivi et d’évaluation, selon une méthodologie éprouvée.
La médiation sociale est née dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville à l’initiative d’habitantes.
Aujourd’hui, près de 12 000 médiateurs sociaux travaillent au contact quotidien des habitants, dans les espaces publics, l’habitat social, les transports, les établissements scolaires ou dans des points d’accès aux droits. De par leur position d’interface entre les habitants et les institutions, leur connaissance du territoire et leur capacité à aller vers différents publics, les médiateurs sont des professionnels privilégiés pour accompagner les projets de marches exploratoires, au service d’un accès renforcée à la citoyenneté dans les quartiers prioritaires ou ailleurs.
Les marches exploratoires de la ville d’Amiens : un exemple est le projet intergénérationnel et multi partenarial mené dans la ville d'Amiens, qui illustre cette évolution vers une approche plus inclusive et diversifiée.
Cliquez ici pour visionner une vidéo qui retrace ce projet.
Les marches exploratoires : une norme SPEC
Cette norme est un document, co-produit collectivement, qui constitue un référentiel commun d’application volontaire. Ce référentiel a vocation à recommander une méthodologie pour la mise en place et la réalisation de marches exploratoires des femmes en milieu urbain.
France Médiation a fait partie du groupe d’expertes et d’experts qui a travaillé sur la production de cette norme.
Pour aller plus loin, des ressources :
Consultez le guide méthodologique des marches exploratoires, décembre 2012 ici.
Projet porté par France Médiation – rapport d’évaluation « Les marches exploratoires des femmes 2/0, quand les femmes changent la ville » - Laboratoire LERFAS, décembre 1015.