Projet Référent de parcours, la médiation sociale au service de l'inclusion sociale et professionnelle des jeunes
Les contours du projet
Le projet s’inscrit dans le cadre de l’appel à projets "Repérer et mobiliser les publics invisibles, et en priorité les plus jeunes d’entre eux" diffusé par la Préfecture de Région Ile de France. Ce projet repose sur la création de postes de Référents de Parcours selon le profil de médiateur social travaillant à temps plein sur des sites qualifiés en « quartier PRIJ ».
Les objectifs généraux sont les suivants :
Prévenir et lutter contre les situations d’exclusion, d’errance et de marginalisation.
Contribuer au repérage et de la mobilisation des jeunes « invisibles » en grande difficulté d’insertion.
Participer au renforcement de la gouvernance partenariale (articulation et coordination des actions, amélioration et sécurisation des échanges d’information) visant la qualité et l’efficacité des parcours d’insertion aux sens social et professionnel des publics cible. Le Médiateur Social-Référent de Parcours ne doit pas se substituer aux autres professionnels et dispositifs de droit commun mais améliorer l’articulation avec ceux-ci.
La mission générale du Médiateur Social-Référent de Parcours est de développer l’utilisation des principes et des outils spécifiques de la médiation sociale au service de l’insertion professionnelle et sociale des publics dits « invisibles ». L’approche globale qui caractérise le projet doit permettre d’agir avec l’ensemble des parties prenantes intervenant dans le secteur de l’insertion, de la formation, de l’emploi et en partenariat avec les différents acteurs qui pourraient être sollicités en cas de freins périphériques à l’entrée dans un parcours d’insertion professionnelle.
Le Médiateur Social-Référent de Parcours a pour objectifs de :
Contribuer à l’intégration des publics cible dans un Parcours Individualisé d’Insertion
Développer/ Participer à l’organisation d’actions de sociabilisation et de remobilisation
Offrir une aide personnalisée et cohérente en faisant appel aux services adéquats
Le choix de la médiation sociale pour cette fonction de « référent de parcours »
La médiation sociale se définit comme « un processus de création et de réparation du lien social et de règlement des conflits de la vie quotidienne dans lequel un tiers impartial et indépendant tente à travers l’organisation d’échanges entre les personnes ou les institutions de les aider à améliorer une relation ou de régler un conflit qui les oppose ». Cette définition repose, notamment, sur une posture, celle de tiers neutre, un référentiel d’activités, deux principes directeurs « aller vers » et « faire avec » qui sont intrinsèques au processus de médiation sociale. Ce processus a vocation à créer les conditions d’une relation de confiance, à amener la personne à s’interroger sur ses choix et à l’accompagner vers la recherche de « ses » solutions, des solutions qui lui conviennent, qu’elle aura à mettre en œuvre en lien avec les professionnels et partenaires.
Le choix d’inscrire la fonction de Référent de Parcours dans la médiation sociale repose sur 3 raisons majeures :
La posture de tiers du médiateur social, une posture d’empathie et de bienveillance, de neutralité, d’impartialité et de non-jugement. Cette posture est un atout précieux pour des publics en mal avec l’institution, en situation de stigmatisation, de déclassement, de discrimination, de marginalisation.
Une démarche qui va au-devant de la demande ou du besoin, qui permet une proximité à la fois relationnelle et géographique, une démarche de « présence pro active », observatoire, mobile, proposante, empreinte de pragmatisme, d’une disponibilité, d’une offre de contact et de relation en laissant du temps au temps, d’accompagnement, d’orientation, de mise en relation s’appuyant sur des ressources partenariales, dans un objectif d’autonomisation et de responsabilité.
Un positionnement transversal qui place la médiation sociale comme un acteur complémentaire qui intègre un ensemble partenarial sans logique de concurrence avec les autres acteurs, et qui le place en capacité de travailler avec tous les partenaires d’un territoire.
L’objet même de la démarche de médiation sociale est de mobiliser des ressources ; celle de la personne et celle du territoire, de telle sorte que la personne soit pleinement « sujet de droit » et qu’elle devienne actrice de son parcours de vie.
Le projet en quelques chiffres
392 jeunes repérés
274 jeunes mobilisés
28 abandons « déclarés »
129 sorties positives
61% des jeunes ont été repérés dans le cadre de la présence terrain des référents de parcours.
Les principaux impacts de l’activité des référents de parcours
Extraits du rapport d’évaluation réalisée par la SCOP ExtraCité
Une plus-value confirmée des médiateurs-référents de parcours pour le repérage et la mobilisation des jeunes invisibles
La plus-value des médiateurs repose largement sur leur présence quotidienne sur le terrain pour proposer une mobilisation des jeunes hors les murs et en aller vers, que les acteurs de l’emploi ne peuvent pas assurer eux-mêmes. Elle repose également sur une posture ouverte, non institutionnelle et non enfermée dans une logique de dispositif, de guichet ou de rendez-vous, cette méthodologie de la médiation fait la différence dans la mobilisation des jeunes invisibles. Cette posture ouverte s’accompagne généralement d’une prise de contact et d’une construction de la relation d’abord dans l’informel pour faire connaissance et entrer progressivement dans une logique d’accompagnement. Cette posture permet aux médiateurs de nouer relation avec des publics dits « difficiles » pour lesquels les autres professionnels se trouvent dépourvus, en particulier les personnes sous mains de justice, les personnes étrangères et les personnes souffrant d’addiction ou de troubles psychiques.En outre, les profils variés des médiateurs sont un atout pour proposer des modalités d’accroche plurielles en fonction de la personnalité et de la situation de chaque jeune, mais aussi de la personnalité et des ressources propres de chaque médiateur. Aussi le sport, la musique, les outils numériques, l’expérience parentale sont autant d’entrées utilisées comme supports pour construire une relation.
Un impact fort des médiateurs sur le parcours de vie des personnes accompagnées, grâce à une posture relationnelle que les acteurs de l’emploi ne peuvent pas assumer
D’abord, le rôle de médiateur implique en premier lieu une forte disponibilité comme facteur majeur d’une relation différente et d’un accompagnement durable et efficace. Ensuite, l’accompagnement proposé par les référents de parcours dépasse largement la question de l’emploi car il est centré avant tout sur la mobilisation psychologique, l’insertion sociale et la levée des freins. La mobilisation est progressive vers les questions d’emploi et de formation, en partant des envies et potentiels de la personne. L’accompagnement des jeunes est global. Ainsi, la relation avec le jeune s’établit dans la durée. Il s’agit d’un accompagnement long et progressif. Cette confiance acquise progressivement renforce la logique de bouche à oreille et la capacité de repérage des médiateurs.
Une dynamisation du partenariat local en matière d’insertion sociale et professionnelle, et une amélioration de l’image des acteurs institutionnels
D’abord, le projet a permis d’introduire le principe d’aller vers dans le fonctionnement des missions locales, apportant une forte plus-value pour la mobilisation des publics cibles. Plus largement, le projet PRIJ a fait évoluer les pratiques au sein de la mission locale, avec l’arrivée de profils professionnels nouveaux, et un pas supplémentaire vers le principe d’accompagnement global et inconditionnel des jeunes. Par ailleurs, la forte complémentarité entre éducateurs, médiateurs et conseillers d’insertion professionnelle, avec une posture spécifique des médiateurs qui créent le premier lien, amènent de la confiance et mobilisent les jeunes, et facilitent ainsi le travail des partenaires. La présence quotidienne sur le terrain des médiateurs (que les acteurs de l’emploi ne peuvent pas assurer habituellement) constitue, en premier lieu, un relais efficace vers la mission locale, mais aussi vers d’autres partenaires : associations, justice, point d’accès au droit. La réputation des médiateurs et le bouche à oreille tendent ainsi à faire connaître et valoriser les différentes ressources et structures existantes sur le territoire par des canaux différents. L’organisation d’actions collectives, parfois organisées à l’initiative des référents de parcours, et la mobilisation des jeunes à ces évènements est également précieuse pour l’ensemble des partenaires locaux. In fine, les modalités d’intervention des référents de parcours provoquent un changement de regard des jeunes sur les structures d’insertion, et sur les institutions en général, ce qui facilite la remobilisation des publics éloignés du droit et de l’emploi et leur entrée dans des parcours d’insertion.
Un impact sur la prévention des situations de désocialisation et de délinquance, et sur le climat social au sein du quartier
L’accompagnement des médiateurs est largement tourné vers des publics qui sont déjà ou pourraient entrer dans des parcours délinquants. Tout comme celle des éducateurs, la posture et la formation professionnelle des médiateurs apparaît être adaptée à ces publics, de par leur indépendance vis-à-vis des institutions et le fait qu’ils n’incitent pas immédiatement à entrer dans des parcours d’accompagnement. Par ailleurs, dans plusieurs cas évoqués, les techniques et la posture de médiation sociale ont permis de désamorcer des situations très sensibles, face auxquelles les acteurs institutionnels étaient démunis, et qui auraient pu mener à des violences : troubles psychiques, agressivité, tensions entre habitants… Les actions collectives et les projets de remobilisation menés dans le cadre du PRIJ permettent également d’emmener ces publics vers « autre chose » que leurs activités habituelles et servent d’accroche pour travailler les relations entre jeunes, ou les relations des jeunes avec les institutions, y compris lorsque ces relations sont très conflictuelles.
Par leur action, les médiateurs contribuent donc à stabiliser le climat social au sein des quartiers d’intervention, au même titre que d’autres acteurs sociaux dont ils sont complémentaires, notamment les éducateurs de prévention et les animateurs socio-culturels.