Témoignage de François-Xavier Lowe, Médiateur au collège Jean Lurcat de Sarcelles
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis François Xavier Lowe, médiateur en milieu scolaire, en poste au collège Jean LURCAT de Sarcelles depuis le 1er Octobre 2020.
Quel est votre rôle au sein du site scolaire ?
Au sein du collège mon action est centrée sur les problématiques des élèves: c’est-à-dire entre élèves, élèves-professeurs et élèves-familles. Elle s’articule autour de cinq missions : la médiation en situation de conflit, l’accompagnement de jeunes en situation de décrochage, l’animation de temps de prévention dans les classes, le soutien aux écoles, et le partage de bonnes pratiques. Je collabore beaucoup avec les autres acteurs éducatifs au sein du collège afin parvenir à un résultat durable.
Au quotidien, j’interviens essentiellement sur les conflits, les violences, les incivilités et le harcèlement. Tous les matins, à l’ouverture des portes, je suis présent aux abords de l’établissement pour effectuer un rappel au règlement et créer un lien de proximité avec les élèves.
Comment intervenez-vous spécifiquement sur la thématique du harcèlement scolaire ?
J’interviens quand je suis prévenu d’un cas de harcèlement par l’équipe éducative du collège ou quand je reçois un élève qui dit se faire harceler ou qui paraît triste, renfermé. Dans ce cas, je mets en place une écoute active pour développer un climat de confiance, créer un lien avec l’élève et permettre la libération de la parole. J’organise alors une médiation navette avec le/les élève(s) harceleur(s) pour mieux connaitre ou comprendre la problématique. Si je constate que la problématique est grave, je transmets l’information à la chef d’établissement qui met ensuite automatiquement en place un suivi avec des élèves concernés en les recevant de nouveaux dans les jours qui suivent. Je propose en parallèle à l’élève harcelé de me rencontrer de temps en temps pour parler s’il le désire.
De plus, une fois par mois j’effectue des actions de sensibilisation pour lutter contre le harcèlement sur le long terme à travers la méthode « PIKAS » contre le harcèlement ». Une cellule Pikas est constituée d’adultes (enseignants, surveillants ou agents) qui n’ont pas de pouvoir coercitif. Lorsqu’un élève est signalé (par des parents, des enseignants, des personnels ou des élèves) comme étant la cible de moqueries, la cellule est saisie et un ou plusieurs membres mènent de brefs entretiens avec l’élève concerné, des témoins et les intimidateurs présumés. Ces entretiens ont pour but de faire prendre conscience aux agresseurs présumés du mal-être de leur cible. Cette méthode repose ainsi sur le principe de la « préoccupation partagée ». Il s’agit de faire ouvrir les yeux au groupe d’agresseurs sur le mal qu’ils font à leur victime et de leur demander de formuler des propositions pour arranger les choses. Les entretiens menés avec la victime permettent de mesurer la prise de conscience à son égard et ainsi la résolution de la situation. Cette cellule n’a donc aucun pouvoir de punition ou de sanction. Elle a pour objectif de faire cesser l’agression le plus rapidement possible. En revanche, si la cellule constate l’échec de la méthode, le dossier est transmis à la direction afin qu’il soit traité de manière traditionnelle, avec une éventuelle prise de décisions disciplinaires.
Comment votre action sur le harcèlement scolaire s’inscrit-elle avec celle de la communauté éducative ?
Je m’appuie beaucoup sur le GPDS (Groupe de prévention du décrochage scolaire) au sein de l’établissement car le harcèlement est un des motifs du décrochage scolaire.
J’utilise également un questionnaire de « victimisation » qui permet de cerner l’ampleur du phénomène mais aussi de préciser quelques notions (auprès des élèves et des adultes) et donc d’avoir un premier regard sur l’état du harcèlement dans un établissement.
L’inscription de la lutte contre le harcèlement au projet vie scolaire et au projet d’établissement est indispensable pour mobiliser l’ensemble de la communauté éducative, et de ce fait faciliter la participation du CPE ou de professeurs à des formations ou même faire une demande d’aide négociée pour l’ensemble de l’établissement. Le CESC (Comité d’éducation à la santé et la citoyenneté) peut constituer un point d’appui important pour mener à bien cette étape.
Quel impact percevez-vous de votre travail quotidien sur les relations entre les élèves et le harcèlement scolaire ?
Depuis mon arrivé au sein du collège, j’accompagne et j’écoute les problématique des élèves avec beaucoup d’empathie et je mets en place des sensibilisations sur le phénomène. Mon travail paie puisque je perçois l’amélioration du bien-être des élèves ainsi que de nombreux non retours de harcèlement.